ou les chaumes : dispositifs dynamiques dans le torrent de la Grand-Goutte, pièces sonores, nid ou corne de brume monumentale, céramiques ou installations immersives, polyèdre dialoguant avec la croissance d’un arbre, dispositifs interactifs jouant avec des "ailleurs" et des passages aux frontières du réel […] ; chaque proposition ouvre un champ original d’expérimentations formelles, de références et de réflexions.
Pour les promeneuses et les promeneurs concentrés dans l’énergie de leur randonnée, les œuvres proposent ponctuellement des cadres oniriques en tension avec la quiétude des paysages. Dans ces cadres sont évoquées des méditations poétiques ou des associations d’idées surprenantes, mais également les inquiétudes que ravive l’actualité, rejouant tragiquement des situations que nous pensions pourtant appartenir au registre des commémorations.
Cette intranquillité des situations à l’échelle globale contraste avec la puissance paisible du parcours jusqu’à la Haute Loge et retour ! L’art et la culture s’affirment d’autant plus comme nos passe-partout à activer en marchant, pour tenir fermement le fil critique des récits entrelacés de l’histoire, de l’actualité, de la littérature et de l’art sous toutes ses formes. Dans la dynamique de ces liens, chaque artiste a été invité·e cette année à choisir une citation littéraire prolongeant son point de vue et le mettant en perspective sur les cartels et dans le catalogue.
Le thème fédérateur de l’édition 2022 est Le Passe-Partout. Le terme renvoie à une pluralité d’outils, de la clé qui ouvre toutes les serrures à de multiples formes de scies, de la brosse du boulanger au gabarit de chargement de camions, du cadre à fond mobile à la gravure évidée accueillant une autre image, jusqu’à l’ornement de lettrines... Pour notre parcours vosgien, c’est en premier lieu à la grande scie souple tenue à deux pour la coupe forestière que nous avons pensé : outil du travail collaboratif, souple, ingénieux et efficace. Plus largement, l’idée d’un passe-partout polymorphe nous permet d’insister sur l’attachement aux imaginaires techniques que chaque artiste élargit à son échelle cosmogonique.
S’emparant du thème proposé, les œuvres qui se déploient nous proposent un large éventail de démarches, de formes et de concepts. Cette diversité des typologies artistiques est une autre caractéristique forte de la Biennale d'Art sur le Sentier des Passeurs.
Quelques artistes jouent avec les matières glanées sur place, d’autres proposent des sculptures réalisées en atelier pour faire image avec la forêt
Dans le panorama européen, cette biennale artistique s’appuie de manière très originale sur un solide héritage historique, de l’antiquité à la Principauté de Salm, du mouvement des frontières aux mémoires de résistants, et en particulier celle des passeurs de la Seconde Guerre mondiale. L’autre dimension exceptionnelle du parcours de la biennale est la formidable diversité de paysages qui se déploient entre Alsace et Lorraine sur une vaste zone Natura 2000.