Benjamin et Guy Goulon Mémorial de l'Alsace Moselle de Schirmeck
Quand il faut partir, qu’emporte-t-on ?À l’essentiel, pas trop lourd car il va falloir marcher. Que puis-je faire tenir dans un sac, une valise ? Je dis valise, pas sûr, c’est peut-être déjà trop pour des chemins caillouteux, escarpés, pentus. Du linge, car cela pourrait durer, des papiers, des objets souvenirs, mais pourquoi s’alourdir. Laisser des riens, des objets chéris qu’on ne voit plus, sauf quand ils manquent. L’important n’est pas de les laisser, mais savoir qu’on ne les retrouvera plus. C’est laisser de la vie, de l’affection qui colle aux choses, là est la rupture, un coin enfoncé dans la bûche. Qui prier pour qu’on ne frappe pas sur ce coin ? Le réel commande, aller au plus pressé, échapper à la menace ou à l’incorporation, ce n’est pas fuir ; c’est choisir. Bien malin celui qui critique, car là est déjà la résistance ; et que dire de ces passeurs, si ce n’est ouvrir ce mot, le redéployer dans le don, la générosité. Faites passer.